.VERS UNE TRANSFIGURATION DES FORCES DE LA PSYCHE

mjoa Sunday September 28, 2008 234

 En parlant de la dynamique de naissance de l’homme nouveau, le géronde Porphyre évoque spécifiquement l’activité de l’Esprit Saint : ” lorsque nous contenons l’Esprit Saint, nous devenons incapables de commettre aucun péché “. Dans la même ligne de pensée, il explique admirablement pourquoi Saint Stéphan, lapidé, a remis les péchés de ses bourreaux : ” tout simplement, il n’a pu se comporter autrement !” (1). L’identification au Christ qui s’opère lentement au niveau de l’homme intérieur par l’ouverture à la Grâce Divine, est, selon lui, l’Art des arts  et la pierre angulaire de l’ascèse. Sans trahir sa pensée, nous pouvons qualifier sa perspective de l’ascèse comme une perspective de transfiguration.

       

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 Cette perspective est en concordance claire avec celle de Saint Grégoire Palamas au sujet des passions, du corps et des forces élémentaires de la psyché. Dans sa réponse à Barlaam, il dit en fait : ” nous n’avons pas appris que l’apatheia, ô philosophe, soit la mort de la partie passionnée de l’âme, mais un retournement de ce qu’il y a en l’homme de plus mauvais en meilleur, en une énergie tendue habituellement vers ce qui est divin ” ; et, commentant le texte de Rom XII, « je vous exhorte, par les compassions de Dieu, à offrir vos corps comme un sacrifice vivant, saint, agréable à Dieu », il comprend offrir la partie passionnée de l’âme, vivante et agissante, afin qu’elle soit un “sacrifice vivant ” (2).
Contre toute théorie dualiste, Saint Grégoire Palamas dresse l’identification au Christ, dans la totalité des énergies de l’homme, comme le fil conducteur de ce sacrifice vivant : «  il est offert lorsque nos yeux ont un regard doux… lorsque nos oreilles sont attentives aux enseignements divins, lorsque notre langue, nos mains et nos pieds sont au service de la volonté divine ».
          
 Fidèle à cette tradition, Costy Bendaly réalise clairement que «  nos structures psychiques, en dépit des opacités et des perversions qui [les] altèrent (…) sont traversées par un dynamisme de dépassement, qui (…) traduit la présence en nous des énergies divines », car «  si le ciel raconte la gloire de Dieu, pourquoi pas aussi les lois immuables du jeu des pulsions et la richesse de leur devenir ? » (3).

 Ainsi paraît-il clair qu’une attention accrue à aimanter ces forces par la Grâce Divine est le moteur de croissance de l’homme intérieur vers la plénitude de la taille de Jésus Christ, l’Adam Nouveau.

 

(1) برفيريوس الرائي، سيرة وأقوال. منشورات راهبات دير السيدة بلمانا. ص: 175 
(2)  Introduction à l’étude de Grégoire Palamas. Jean Meyendorff. Editions du Seuil. p : 102
(3) Jeûne et oralité. Costy Bendaly. AN-NOUR. pp : 18 et 77
 
 

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