Ces dernières années s’est développé un débat intense dans l’espace ecclésial hellénique au sujet de la langue utilisée dans les offices. On met souvent en avant la constatation selon laquelle les jeunes générations (et non pas seulement elles), font face à un sérieux problème de compréhension de la langue liturgique de l’Église, et, par voie de conséquence, à des difficultés quant à une participation substantielle aux événements liturgiques. Il en résulte une aliénation à la vie de l’Église et un éloignement par rapport à celle-ci.
Devant cette situation, des hiérarques renommés et des prêtres érudits de l’Église de Grèce ont proposé (et appliqué à un certain niveau) la simplification et la traduction des lectures liturgiques, des prières et de certains offices comme le baptême et le mariage. Ils invoquent non pas seulement une nécessité pastorale urgente, mais aussi la tradition séculaire de l’Église orthodoxe, qui ne reconnaît aucune nature dogmatique à la langue, ni ne connaît une tradition des langues sacrées, et, pour cette raison, les textes bibliques et liturgiques ont été traduits, lorsque cela était nécessaire.
Le parti opposé met en avant l’argument selon lequel la priorité pour la vie liturgique orthodoxe n’est pas la compréhension intellectuelle, mais la participation au mystère, et attribue des tendances néo-barlaamites [référence à l’adversaire occidentalisant de saint Grégoire Palamas, ndt] aux défenseurs des traductions. Ils soulignent en même temps les dangers encourus pour la tradition linguistique et nationale en Grèce, en conséquence, l’abandon entrepris ainsi de la langue liturgique ancestrale. Pour résoudre ce problème, ils proposent l’usage de livrets liturgiques bilingues grec ancien / grec moderne pour suivre l’office, ainsi que l’enseignement du grec classique dans les paroisses. Ces questions et les problèmes de catéchèse et de pastorale seront l’objet d’une discussion approfondie lors d’un atelier organisé par l’Académie d’études théologiques de Volos et l’Association des jeunes du diocèse métropolitain de Dimitrias sur le thème « La question de la langue dans l’office liturgique », le 21 janvier 2012. Les représentants des deux tendances s’y exprimeront.