Avec la bénédiction du patriarche Cyrille de Moscou a commencé la récolte de dons destinés à aider les nécessiteux en Grèce. La coordination est assurée par le département synodal de bienfaisance et d’aide sociale. En deux jours, 884.000 roubles sont parvenus au dit département.
De son côté, l’Église orthodoxe de Grèce mène une campagne nationale pour récolter des fonds et des produits alimentaires pour les nécessiteux. Selon M. Vassilakos, chef du département des finances et des activités de l’organisation « Mission » qui est chargée de l’aide sociale de l’Archevêché d’Athènes, l’Église distribue quotidiennement 100.000 rations alimentaires en Grèce, alors que 300.000 seraient nécessaires. L’Église orthodoxe de Grèce s’efforce d’augmenter l’aide, mais ne dispose pas des moyens suffisants pour le faire.
Rappelons que le patriarche Cyrille a déclaré, le 26 janvier au monastère Saint-Daniel à Moscou, lors de sa rencontre avec Antonis Samaras, chef du parti « Nouvelle démocratie », qu’il était indispensable d’aider le peuple orthodoxe grec.
A l’occasion des premières journées du livre orthodoxe à Paris, samedi 18 février, dont La Vie était partenaire, Mgr Hilarion Alfeyev, métropolite de Volokolamsk et président du département des relations extérieures du Patriarcat de Moscou, a visité le séminaire russe en France, inauguré il y a deux ans à Epinay-sous-Sénart. Une arrivée tout en sobriété qui n’a pas manqué pourtant de susciter une vague de respect parmi les séminaristes.
Il faut dire que l’homme en impose par son parcours et le fait qu’il est aujourd’hui considéré comme le numéro deux d’une Eglise où le nombre de monastères est passé de 18 à plus de 800 en 25 ans depuis la fin de l’oppression soviétique. “Et nos monastères sont vraiment pleins ! a-t-il lancé avec une pointe d’humour. Nous ne connaissons pas vraiment de crise des vocations…”
Figure clé de l’Eglise orthodoxe russe et du dialogue entre catholiques et orthodoxes, le métropolite de Volokolamsk est un personnage aussi doué qu’énigmatique. A 45 ans seulement, il préside le département des relations extérieures du Patriarcat de Moscou depuis 2009, un poste précédemment occupé par Mgr Kirill, l’actuel patriarche de Moscou.
Diplômé de l’Académie théologique de Moscou, polyglotte, il maîtrise le grec ancien et et le syriaque et il est l’auteur d’une trentaine de livres. Musicien hors pair, il a étudié le piano et le violon au conservatoire de Moscou, avant de composer une « Passion selon saint Matthieu » et un « Oratorio de Noёl »… Son amour de la musique a d’ailleurs beaucoup compté lors de ses rencontres avec Benoît XVI.
Perçant, son regard pétille lorsqu’il évoque le sujet : “Au niveau personnel, la musique a été l’un des facteurs du rapprochement. Une fois, j’ai même organisé un concert au Vatican avec de la musique russe… Le Pape a accepté cette initiative avec bienveillance”. Aussitôt il ajoute : “En dehors des sympathies personnelles qui peuvent exister, nous recevons de manière très positive les pas que fait Benoît XVI pour sauvegarder des valeurs traditionnelles comme la famille et la fidélité conjugale”.
En revanche, lorsqu’on l’interroge sur l’éventuelle rencontre du Pape et du Patriarche de Moscou, il sourit : “Je me serais étonné que vous ne posiez pas la question… Il n’y a rien de vraiment nouveau : nous pensons que cette rencontre est tout a fait possible mais elle ne nous intéresse pas si elle n’est que protocolaire. Il reste des points importants sur lesquels nous nous trouvons en désaccord, des questions qui influencent la vie de nos fidèles, comme celle de l’église gréco-catholique en Ukraine. Nous attendons des pas concrets de l’Eglise catholique pour créer une atmosphère bienveillante et propice”.
Diplomate, ses propos sont mûrement réfléchis, son discours parfaitement maîtrisé mais il sait se montrer inflexible. Comme en octobre 2007, lorsqu’il décide avec la délégation du Patriarcat de Moscou russe de quitter une session de la commission mixte orthodoxe-catholique pour le dialogue théologique à la suite d’un désaccord avec le Patriarcat de Constantinople.
Derrière cette rigueur, pourtant, se devine une âme passionnée. Pour s’en convaincre, il suffit d’écouter sa « Passion selon saint Matthieu », où se mêle l’influence de Bach, et le romantisme de la musique liturgique slave et des mélodies populaires russes. Pour Mgr Hilarion, la musique a un rôle essentiel à jouer dans le dialogue en ce qu’elle est porteuse d’une âme, d’une “vision” : “Le peuple russe est profondément religieux, c’est dans sa nature même, explique-t-il. Même à l’époque soviétique, les gens qui n’avaient pas accès à la connaissance théologique tentaient de l’approcher par les romans de Dostoïevski, la peinture et la musique”. Dostoïevski, qui écrivait : “L’art sauvera le monde”. Si l’on considère l’art comme une forme privilégiée d’expression de la foi, Mgr Hilarion Alfeyev est profondément dostoïevskien.