A Nigdi (aujourd’hui Niğde) de Cappadoce, dans l’église dédiée à saint Jean Baptiste, maintenant désaffectée, le patriarche œcuménique Bartholomée a célébré dimanche dernier une liturgie, reprenant ainsi le fil de l’histoire qui avait été interrompu il y a 90 ans, lorsque pour des raisons indépendantes de leur volonté, les habitants grecs de la région furent contraints à quitter leurs foyers ancestraux, leurs églises, la terre sainte de Cappadoce, où reposent leurs défunts.
« Avec nostalgie et émotion, nous visitons la terre très éprouvée de nos pères, qui furent contraints de la quitter par les jugements que seul connaît le Seigneur, il y a 90 ans, émigrant dans tous les confins de la terre », déclara le patriarche œcuménique, soulignant encore : « En cet instant, pères et frères, parlent saint Grégoire le Théologien, la tradition, les pierres, cette église délabrée du saint vénérable Précurseur, cet instant du passé. Et le Seigneur « qui sait tout et examine les cœurs et les reins », sait combien de gémissements et de cris, de désespoir et de détresse, de décapitations, de violences et d’enlèvements, « de pleurs dans Rama » des 35000 grecs orthodoxes qui vivaient alors à Nigdi, ont été entendus par nos ancêtres…
L’instant du passé parle, les esprits de nos pères et frères, des martyrs et des chrétiens anonymes qui ont « quitté cette vie » et sont partis. Non, ils ne sont pas partis. Ils nous ont laissé en héritage des valeurs et une civilisation, des œuvres spirituelles lumineuses, qui n’ont pas été recouvertes par la poussière et la tombe, par les ténèbres profondes, mais ont été honorées par le matin du premier jour de la semaine, le matin de la Résurrection… »
Concélébraient avec le patriarche les métropolites de Proikonnesos Joseph et Théolèpte d’Ikonion, en présence du métropolite de Buenos Aires Taraise. De nombreux fidèles venus de Grèce assistaient à la liturgie, dont des descendants d’anciens habitants de la région.