Le 10 septembre 2013, s’est endormi dans le Seigneur, Albert Laham, un des principaux fondateurs du Mouvement de la Jeunesse Orthodoxe (MJO) et une grande figure de l’Orthodoxie Antiochienne contemporaine.
J’avais à peine 16 ans quand je l’ai rencontré, lors de ma première visite à l’un des foyers du MJO, à Beyrouth. Il y faisait une causerie. Avec sa fougue habituelle, il conviait les jeunes qui l’écoutaient à ne pas être scandalisés par les divers manquements de leur Eglise d’Antioche, encore à peine sortie de l’état de somnolence où l’avaient plongée des siècles de domination ottomane, mais plutôt à s’embrigader à son service, en suivant le Christ et lui donnant son cœur. Je me rappelle qu’il avait dit qu’on ‘ne quitte pas sa mère quand elle tombe malade, mais qu’on l’aime et qu’on la soigne davantage’. C’était la première fois où j’écoutais de telles paroles. J’en fus séduit. A travers Albert Laham, le Seigneur entrait ainsi dans ma vie, et me conviait au service de Son Eglise.
Par la suite, il fut pour les jeunes de notre génération l’exemple même du laïc chrétien engagé dans la voie du renouveau dans l’Eglise. Jeune encore, il avait redécouvert la signification du sacerdoce royal, et avait, en même temps qu’un respect filial envers la hiérarchie, un sentiment aigu de la responsabilité des laïcs et de leur nécessaire collaboration fraternelle avec les clercs pour assurer un véritable témoignage chrétien. Dès les premières années du MJO, déjà en 1944, il avait écrit : ‘L’œuvre du renouveau doit s’opérer dans le sein de l’Église et plonger ses racines jusqu’à ses sources même…
Notre dignité de membres de l’Église nous investit d’une mission sacrée, et nous rend pleinement responsables de tout le Corps. Ce n’est pas en vertu d’une délégation ou d’une condescendance de l’autorité ecclésiastique qui veut bien permettre de contribuer à l’effort chrétien. Ce n’est pas non plus pour suppléer à l’inactivité de cette autorité. Il ne peut y avoir dans le Corps du Christ ni délégation, ni représentation, ni substitution… En dehors de tout mandat,… les jeunes sont des membres actifs de l’Église du Christ, et possèdent une mission sacrée, étant devenus, clercs et laïcs, une ‘race choisie, un sacerdoce royal, un peuple que Dieu s’est acquis, afin d’annoncer ses perfections’ ( Pi 11, 3) (Revue Lumière’, no. 16, février 1944, in article intitulé ‘Fondement de notre action’).
Il était nourri de l’Evangile. Le Père Lev Gilet, dont il fut le disciple, lui avait appris à retrouver le visage de Jésus, à travers ses textes, et à entrer en dialogue avec Lui. Il connaissait très probablement l’ensemble du Nouveau Testament par cœur, et il s’y référait continuellement. Il était, par excellence, l’exemple même de la première génération du MJO qui ne se déplaçait jamais sans avoir le Livre Saint sur soi. Durant les nombreuses causeries qu’il a données, dans divers centres du MJO, durant ces dernières années, les jeunes étaient enthousiasmés par son enthousiasme de vieillard (il avait dépassé les 80 ans), et en sortaient tout remués de la façon dont il parlait de Jésus. Il m’avait dit une fois qu’il voulait passer ses dernières années au Liban, justement pour pouvoir parler aux jeunes du MJO, et se faire en quelque sorte pardonner les nombreuses années de sa vie passées loin d’eux, et partager avec eux sa ‘vie en Christ’. Cette consolation lui fut donnée, et malgré son état physique de faiblesse générale ces derniers mois, il ne ratait pas une occasion de le faire.
Il renforçait sa vie en Christ, nourrie de la Parole de Dieu, par sa participation continuelle à la vie liturgique de l’Eglise. Je ne pense pas qu’il ait raté, hors maladie, une Sainte Liturgie. Son attitude à l’Eglise, souvent debout dans un coin, humble et attentive, portait en elle-même témoignage. Deux jours avant sa mort, nous étions dans la même église, où malgré sa fatigue évidente, il était entièrement pris dans la rencontre de Celui auquel il avait donné son cœur.
Il a demandé qu’on fasse lecture, lors de ses funérailles, d’un passage de l’Epitre aux Romains qui donne, je pense, une idée probante de la façon dont il a vécu. Il y est dit : ‘Celui qui distingue entre les jours agit ainsi pour le Seigneur. Celui qui mange, c’est pour le Seigneur qu’il mange, car il rend grâces à Dieu; celui qui ne mange pas, c’est pour le Seigneur qu’il ne mange pas, et il rend grâces à Dieu. En effet, nul de nous ne vit pour lui-même, et nul ne meurt pour lui-même. Car si nous vivons, nous vivons pour le Seigneur; et si nous mourons, nous mourons pour le Seigneur. Soit donc que nous vivions, soit que nous mourions, nous sommes au Seigneur’ (Romains 14 : 6-8). Ce texte caractérise Albert. Oui, en effet, il n’a pas vécu pour lui-même, et il n’est pas mort pour lui-même. Il a toujours vécu, fuyant, malgré son statut social, les honneurs, replié sur sa vie cachée avec le Seigneur, qu’on entrevoyait quand il parlait avec passion de Lui.
Durant les années soixante du vingtième siècle, il fut l’un des meneurs incontestés, au sein de l’Eglise d’Antioche, de la lutte entre les forces du renouveau et celles d’un statuquo aride, teinté à l’époque d’influence soviétique par le truchement de l’Eglise russe. Il fut l’âme de la résistance. Juriste chevronné, à la tête d’un des plus importants cabinets d’avocats de la ville, il était toujours disponible quand il s’agissait d’affaires ecclésiales. Il était devenu le conseiller de tous les clercs œuvrant pour le renouveau. Il en recevait plusieurs par jour. Ils étaient tous séduits par la profondeur de sa pensée, sa mesure, sa détermination à toujours prôner la réconciliation, sans pour cela affecter sa fermeté quand il s’agissait de ce qui ‘avait été donné une fois pour toutes aux saints’. Nous avons beaucoup appris alors de son sens profond de l’appartenance ecclésiale, de son dévouement à toutes épreuves, de la patience qu’il mettait à nous écouter. Je me rappelle d’une occurrence, lors d’une réunion du Secrétariat Général du MJO, où l’on débattait d’une stratégie à prendre dans une affaire ecclésiale d’importance. Chacun avait donné son opinion, et Albert la sienne qui était différente de celles de la plupart des jeunes présents.
Malgré son expérience reconnue par tous, son âge, sa qualité évidente de meneur des ‘affaires’ de ce genre, il se plia de plein gré à l’avis de la majorité, et se mit à étoffer leur proposition. Cela nous avait grandement marqué. L’un de ces jeunes alors présents (Georges Nahas) m’a écrit, à l’annonce du décès d’Albert : ‘Nous qui avons traversé avec lui des jours difficiles, savons combien il était “consacré” pour l’Eglise’. Il avait contribué le plus à préparer le terrain à l’entrée dans l’épiscopat de plusieurs ‘ténors’ du mouvement de renouveau, en particulier feu le patriarche Ignace IV et le métropolite Georges (Khodre), qu’il lui soit donné de vivre pour de nombreuses années, car il est un des derniers représentants de la génération des fondateurs du MJO.
Albert milita longtemps pour changer les ‘lois’ antiochiennes afin de permettre aux laïcs engagés dans la vie de l’Eglise d’être élus, et devenir membres du ‘Majless el Milli’, appelé à aider l’évêque dans la gestion de son éparchie. Il y fut élu avec une grande majorité, car beaucoup voyaient en lui un représentant authentique du renouveau du diocèse de Beyrouth, qu’ils appelaient de leurs vœux. Il y joua un rôle de premier plan, et suscita nombre de réformes.
Son enracinement dans l’Eglise du Christ l’a poussé à ne pas se restreindre à l’espace antiochien. Il témoigna dans l’ensemble de l’Orthodoxie et œuvra pour le rapprochement des chrétiens. Un des fondateurs de Syndesmos, Fédération Internationale des mouvements de Jeunesse Orthodoxe, il en fut longtemps le Président et initia plusieurs de ses activités. Concerné par l’absence de jeunes russes, il fut à la base de la décision d’ouvrir l’appartenance à Syndesmos aux facultés de théologie orthodoxes, pour permettre justement à de jeunes russes de communiquer avec l’ensemble de la jeunesse orthodoxe, et leur faire partager les dures expériences qu’ils vivaient sous le communisme d’Etat. Sa vie durant, Il resta intéressé par le développement de cette organisation qu’il continuait à aider pécuniairement, heureux de ses succès et vraiment peiné et malheureux des difficultés récentes de son parcours. Proche du Patriarcat Œcuménique qui n’hésitait pas parfois à le consulter, il en fut nommé Archonte. Il entretint aussi des relations amicales profondes avec nombre d’hiérarques et théologiens Orthodoxes à travers le monde, sans oublier de nombreuses personnalités du monde catholique et protestant.
Sa contribution aux travaux préparatoires au Saint et Grand Concile de l’Eglise Orthodoxe, où il représenta souvent le Patriarcat d’Antioche, fut toujours de rapprocher les points de vue, d’œuvrer à toujours plus de réconciliation et de fraternité entre les Eglises Orthodoxes. Ce faisant, il incarna la tradition irénique séculaire de son Patriarcat. Il se plaisait à rappeler souvent le souvenir du patriarche Georges III d’Antioche qui avait tempéré, au XI siècle, les humeurs belliqueuses envers les latins du patriarche Œcuménique Michel Cérulaire, le conjurant d’oublier les petites choses pour ne considérer que les différences liées vraiment à la foi.
Fondateur au Liban du groupe Saint Irénée, qui fut le premier cercle de dialogue œcuménique, où l’on voyait se côtoyer nombre de ceux qui par la suite accédèrent aux plus hauts rangs de leur Eglises respectives, il en fut un des principaux animateurs, prônant toujours la guérison de nos mémoires pour aller vers l’autre, nu sauf de la présence du Christ.
Fondateur aussi du Cénacle Libanais, animé par feu Michel Asmar, qui voulait promouvoir une rencontre réelle entre libanais autour de la culture et d’une approche irénique des religions, il y prononça plusieurs conférences fondatrices.
Jusqu’à ses derniers jours, il se tenait à l’écoute de la jeunesse. Sa plus grande joie était d’y découvrir l’élan vers le Seigneur qui l’a habité depuis son plus jeune âge. Il lisait assidument la revue An Nour, organe du MJO, saluant les percées spirituelles qu’il y percevait, et critiquant ce qu’il y considérait parfois comme du bavardage oiseux.
Désireux de continuer à encourager, même après sa mort, les initiatives authentiques de témoignage chrétien et d’évangélisation, il fonda une association qu’il dota d’un fonds financier substantiel, afin d’en utiliser les dividendes à aider le MJO, Syndesmos, de nombreuses Eglises d’Europe de l’Est et des projets de renouveau dans le domaine de l’éducation chrétienne et de l’édition.
Cependant, ce n’est pas seulement ce fonds qui perpétuera son souvenir. Son souvenir restera dans le cœur de tous ceux qu’il orienta à ne pas vivre pour eux-mêmes, mais pour le Seigneur, et à travers et en Lui, pour tous Ses frères. Et ils sont nombreux. Tous ceux-là se tournent en prière envers le Seigneur pour que sa mémoire soit éternelle!
Raymond Rizk
ألبير لحّام (1924-2013)
في العاشر من شهر أيلول من العام 2013، رقد بالرب ألبير لحّام، أحد مؤسسي حركة الشبيبة الأرثوذكسية وقامةً أرثوذكسية أنطاكية معاصرة كبيرة.
كنت بالكاد قد بلغت السادسة عشرة عندما التقيته، خلال زيارتي الأولى لأحد بيوت الحركة في بيروت، وكان يُلقي حديثا هناك. بحماسته المعتادة، كان يحثّ الشباب الحاضرين ألا يُصدَموا بالنواقص الكثيرة في كنيستهم الأنطاكية، الخارجة حديثا من حالة الركود التي أغرقتها فيها قرون طويلة من الحكم العثماني، بل بالأحرى أن يتجنّدوا لخدمتها، تابعين المسيح ومعطين إياه قلوبهم. أتذكر أنه قال: “نحن لا نترك أمّنا إذا كانت مريضة بل بالأحرى نحبّها ونعتني بها أكثر”. كانت هذه المرة الأولى التي أسمع فيها مثل هكذا كلمات، وجذبتني كثيرًا. حينها، دخل السيّد حياتي، من خلال أبير لحّام، ودعاني لخدمة كنيسته.
أصبح ألبير لحام لاحقًا، بالنسبة لشباب جيلنا، مثال العلماني المسيحي الملتزم درب التجديد في الكنيسة. كان قد اكتشف منذ حداثته معنى الكهنوت الملوكي وكان عنده، بالإضافة إلى الاحترام البَنَوي للرئاسة الكنسية، اقتناعٌ صلبٌ بمسؤولية العلمانيين ومساهمتهم الأخوية الضرورية مع الإكليروس في أداء شهادة مسيحية حقّة. منذ انطلاقة حركة الشبيبة الأرثوذكسية، كتب في العام 1944: “على عَمَل التجدّد أن يفعل داخل الكنيسة، ويتجذّر في أعماقها… تخوّلنا كرامتنا، كأعضاء في الكنيسة، مهمّةً مقدّسةً، وتجعلنا مسؤولين عن الجسد كلّه. … لا تأتي هذه المسؤوليّة من جرّاء تفويض ما أو تنازل ما من قبل السلطة الكنسيّة التي تسمح لنا بالمساهمة بالجهاد المسيحيّ. ولا تأتي أيضًا لتنوب عن شطط ما لهذه السلطة. لا يمكن أن يوجد في جسد المسيح أي تفويض أو تمثيل أو استبدال… الشباب هم أعضاء فاعلون في كنيسة المسيح بدون أي تفويض، ويطّلعون بمهمّة مقدّسة، إذ صاروا، كهنة وعلمانيّين، “أمّة مختارة، كهنوتًا ملوكيًّا، وشعبًا اقتناه الله لإعلان فضائله (1 بطرس 2: 9) (مجلّة النور، رقم 16، شباط 1944، في مقال تحت عنوان أساس عملنا).”
كان ألبير يتغذى من الإنجيل. لقد علّمه الأب ليف جيلليه، الذي كان تلميذا له، أن يلاقي وجه يسوع من خلال النصوص وأن يدخل في حوار مباشر معه. من المرجّح انه كان يحفظ عن ظهر قلب كامل العهد الجديد وكان يستشهد به دائما. لقد كان بامتياز مثال الجيل الأول من الحركيين الذي لا يتنقل أبدا دون أن يكون حاملا الكتاب المقدس معه.
خلال أحاديثه الكثيرة التي ألقاها في مراكز الحركة في سنواته الأخيرة، كان الشباب يتحمّسون لحماسة الشيخ فيه (وقد تجاوز الثمانين) وكانوا يخرجون من الاجتماع وقد تأثروا كثيرا بالطريقة التي كان يتكلّم بها عن يسوع.
قال لي مرة أنه يريد أن يقضي سنواته الأخيرة في لبنان، حتى يتمكّن من مخاطبة شباب الحركة ويشارك معهم “حياته في المسيح”، آملا بذلك أن يغفر له سنوات الغياب الكثيرة التي أمضاها بعيدا عنهم.
أُعطيَت له هذه التعزية، وبالرغم من وضعه الصحي وضعفه في الأشهر الأخيرة فهو لم يفوّت فرصة لنقل خبرته هذه إليهم.
وطّد حياته في المسيح، المغتذية بكلام الله، بمشاركته المستمرّة في حياة الكنيسة الليتورجية. لا أعتقد أنه فوّت مرّة المشاركة في قدّاس إلهيّ إلا خلال مرضه. إنّ وجوده داخل الكنيسة، واقفا في زاوية يصغي بتواضع، كان بحدّ ذاته شهادة. قبل يومين من وفاته، كنّا نصلي في الكنيسة نفسها، وكان رغم تعبه الواضح مأخوذا بملاقاة ذاك الذي وهبه قلبَه.
طلب أن نقرأ خلال تجنيزه فصلًا من الرسالة إلى أهل رومية. أظنّ أن هذا الفصل يعطي فكرة واضحة عن طريقة عيشه.
“الذي يهتم باليوم فللرب يهتم. والذي لا يهتم باليوم فللرب لا يهتم. والذي يأكل فللرب يأكل لأنه يشكر الله. والذي لا يأكل فللرب لا يـأكل ويشكر الله .لان ليس احد منا يعيش لذاته ولا احد يموت لذاته لاننا ان عشنا فللرب نعيش وان متنا فللرب نموت. فإن عشنا وإن متنا فللرب نحن” (رومية 14: 6-8).
إن هذا النص يصف ألبير. بالحقيقة لم يعش لنفسه ولم يمت لنفسه. كان يعيش بعيدًا عن مظاهر التكريم، على الرغم من مكانته الاجتماعية المهمّة، وينطوي على حياته الخفيّة مع السيد التي كانت تظهر عندما يتكلم عنه بشغف.
خلال ستينات القرن العشرين، كان واحدا من أهمّ الذين قادوا نضال قوى النهضة في وجه الذين قبلوا بالوضع القاحل في كنيسة أنطاكية، والذي كان يصطبغ في تلك الفترة بتأثير الشيوعية، من خلال الكنيسة الروسية. وكان روحَ المقاومة .
رجل قانون محنّك، ورئيس واحدة من أكبر شركات المحاماة في المدينة، كان دائم الحضور حين يتعلّق الأمر بقضايا كنسيّة. وأصبح مستشارا لجميع أعضاء الإكليروس الإنطاكيّ الساعين وراء التجدّد. وكان يستقبل العديد منهم في اليوم الواحد.
كانوا يُعجبون بعمق فكره واتزانه وعزمه الدائم على المصالحة، دون أن يؤثر ذلك على صلابته عندما يتعلق الأمر بما “سُلّم مرة واحدة وإلى الأبد للقديسين”.
لقد تعلمنا الكثير من إحساسه العميق بالانتماء الكنسيّ ومن تفانيه الدائم، ومن صبره في الاستماع إلينا. أذكر حادثة في اجتماع للأمانة العامة للحركة، حيث كنا نناقش موقفا من مسألة كنسية مهمّة. أعطى كل واحد رأيه، و كان لألبير رأي مختلف عن معظم الشباب الحاضر. على الرغم من خبرته المعترف بها من الجميع، وعلى الرغم من عمره ومن ميزته البيّنة في خوض مسائل من هذا النوع، فقد اذعن، عن طيب خاطر، لرأي الأغلبية، وأخذ يدعم اقتراحهم. لقد أثّرت فينا هذه الحادثة كثيرا. كتب لي واحد من الشباب الحاضرين حينها (جورج نحاس)، عند الإعلان عن وفاة ألبير: ” نحن الذين عبرنا معه أيامًا صعبة، نعرف كم كان ” مكرَّسًا ” للكنيسة”.
ساهم كثيرا في تمهيد طريق الوصول إلى الأسقفية لعدد من البارزين في حركة النهضة، خاصة للبطريرك الراحل اغناطيوس الرابع وللمطران جورج خضر، أطال الله بعمره، لأنه واحد من آخر ممثلي جيل المؤسسين في حركة الشبيبة الأرثوذكسية .
ناضل البير كثيرا لتغيير القوانين الأنطاكية وذلك للسماح للعلمانيين، المنخرطين في حياة الكنيسة، بأن يتم انتخابهم ويصبحوا أعضاء في مجالس الملّة المدعوّة لمساعدة الأسقف في إدارة شؤون أبرشيته. وقد تمّ انتخابه في مجلس أبرشيّة بيروت بأغلبية كبيرة، لأن كثيرين وجدوا فيه خير ممثل للتجديد. ولعب دورا مهمّا فيه وشجّع على إصلاحات عديدة.
دفعه تجذّرُه في كنيسة المسيح ألا ينحصر نشاطه فقط بالمدى الأنطاكي. كان شاهدا في المجال الأرثوذكسي العام وعمل على تقارب المسيحين. كان واحدا من مؤسسي سندسموس – الاتحاد العالمي لحركات الشبيبة الأرثوذكسية – الذي رئسه لمدة طويلة وأطلق فيه عددا من الأنشطة. أدى به آنذاك اهتمامه بغياب الشباب الروسي إلى أخذ قرار بفتح باب انتساب كليات اللاهوت الأرثوذكسية إلى سندسموس وذلك لتمكين الشباب الروسي من التواصل مع مجموع الشبيبة الأرثوذكسية ومشاركتِهم الخبرات القاسية التي كانوا يعيشونها في ظل الدولة الشيوعية.
بقي طيلة حياته مهتما بتطوير هذا الاتحاد واستمر بدعمه ماليّا، يفرح بالانجازات التي يحققها ويحزن ويتألم للصعوبات التي اعترضت طريقه مؤخّرًا. كان مقرّبًا من البطريركية المسكونية التي كانت لا تتردد في استشارته أحيانا وقد عيّنته من بين أراخينتها.
وأقام أيضا علاقات صداقة متينة مع عدد من الأساقفة واللاهوتيين الأرثوذكس في العالم، وأيضًا مع شخصيات عديدة من الأوساط الكاثوليكية والبروتستانتية.
ساهم في الأعمال التحضيرية لعقد المجمع الأرثوذكسي الكبير المقدّس، حيث مثّل بطريركية أنطاكية. كان دوره يرتكز دائما على تقريب وجهات النظر والعمل على الوفاق والأخوّة بين الكنائس الأرثوذكسية. من خلال عمله هذا، جسّد التقليد التوافقي العريق لبطريركيته الأنطاكية. كان يذكّر دومًا ببطريرك أنطاكية جاورجيوس الثالث الذي عمل، في القرن الحادي عشر، على تلطيف طباع البطريرك المسكوني ميخائيل العدائية تجاه اللاتين، راجيًا إياه أن ينسى الأشياء الصغيرة ولا يتوقّف سوى أمام الاختلافات التي تتعلق بالإيمان.
أسس مجموعة القديس إيريناوس في لبنان، التي كانت أول ملتقى للحوار المسكوني، وفيها تحاور عدد من الأشخاص الذين وصلوا فيما بعد إلى أعلى المراكز في كنائسهم. كان واحدا من المنشطين الأساسيين لهذه المجموعة، يدعو دائما إلى تطهير الذاكرة وملاقاة الآخر عراة إلا من حضور المسيح.
شارك أيضا بتأسيس “الندوة اللبنانية” التي كان يديرها المرحوم ميشال أسمر والتي سعت إلى حث اللبنانيين على اللقاء حول الأمور الثقافيّة ومقاربة الأدين بطريقة سلمية. ألقى ألبير في الندوة عدة محاضرات تأسيسية.
بقي حتى أيامه الأخيرة يهتم ويسمع للشبيبة. كم كان فرحه كبيرا عندما يكتشف فيهم التوثّب نحو السيّد الذي سكنه منذ حداثة عمره. كان يقرأ بانتباه مجلة النور، مجلة حركة الشبيبة الأرثوذكسية، يحيي فيها الومضات الروحية التي يلاحظها وينتقد ما يعتبره احيانا لغوًا.
رغبة منه في مواصلة تشجيع المبادرات الأصيلة في مجال الشهادة المسيحية والتبشير، حتى بعد وفاته، أنشأ جمعية ومدّها بمبلغ مالي كبير على أن تُستخدم مداخيلها لمساعدة حركة الشبيبة الأرثوذكسية وسندسموس وكنائس عديدة في أوروبا الشرقية ومشاريع نهضويّة في مجال التعليم المسيحي والنشر.
غير ان هذه المساعدات لن تؤبِّد وحدها ذكرى ألبير. سيبقى ذكره في قلوب جميع الأشخاص الذين وجّههم كي لا يحيَوا لأنفسهم بل للسيد، وبه ومن خلاله، يحييون لإخوة يسوع. وهؤلاء هم كثيرون. كلهم يرفعون الآن صلاتهم إلى السيد حتى يكون ذكر ألبير مؤبدا.
ريمون رزق
تعريب جوزيف الحاج