Message du patriarche serbe Irénée à l’occasion de la fête de la Nativité (calendrier julien)

mjoa Tuesday January 10, 2012 211

samedi 07 janvier 2012

Aujourd’hui, les Eglises et les paroisses qui suivent le calendrier julien fêtent la Nativité. Nous vous proposons ci-dessous le  message adressé à cette occasion par le patriarche serbe Irinée.
La paix de Dieu ! Christ est né !
Mais quand vint la plénitude du temps, Dieu envoya son Fils…(Ga 4,4)

C’est par le Livre de la Genèse de Jésus-Christ, « fils de David, fils d’Abraham » que  commence, chers frères et sœurs, l’Evangile selon saint Matthieu (Mt 1,1), la nouvelle douce et joyeuse que Dieu adresse aux hommes.
Le chant des anges de Dieu – « Gloire à Dieu au plus haut des cieux et sur la terre paix aux hommes objets de sa complaisance » (Lc 2,14) – emplit en ce jour de fête joyeuse de la Nativité du Christ, tous les cœurs chrétiens à travers le monde. Pour le monde entier, ce jour est une grande joie « aujourd’hui vous est né un Sauveur, qui est le Christ Seigneur, dans la ville de David » (Lc 2,11).

 

 

 

La Nativité du Fils de Dieu est un grand mystère de l’amour divin. Jamais un homme n’est aussi proche d’un autre homme qu’aujourd’hui,  jour de la Nativité. Jamais les adultes et les enfants ne sont aussi proches les uns des autres qu’aujourd’hui. Jamais l’homme ne  ressent un besoin aussi fort d’être en paix et de se rapprocher avec les autres qu’aujourd’hui. C’est de là que viennent dans notre peuple le besoin et l’habitude de se pardonner mutuellement, de pardonner les offenses personnelles, afin  de nous rapprocher les uns des autres et d’établir des liens fraternels dans un esprit d’amour et de paix de Dieu.
Le chant des anges en l’honneur de la Nativité du Christ est un chant authentique qui nous révèle la substance du message du Christ, le contenu de Son Evangile et la mission de la sainte Eglise que Lui-même, le Fils incarné de Dieu, a fondée. La célébration de Dieu, de la paix et de la bonne volonté  entre les hommes, représente le triptyque le plus sacré du message divin. En glorifiant Dieu, l’homme s’élève et contribue à sa propre glorification. En prêchant la paix de Dieu – la paix du Christ, la paix sans peur ni violence – l’homme participe à l’édification du Royaume de Dieu sur terre. Ce n’est que par la bonne volonté, dans le don gratuit de soi à Dieu et à nos proches, qu’on peut  parvenir à une solidarité humaine véritable et un rapprochement authentique dans la résolution de tous les problèmes et assurer ainsi un progrès moral et matériel.
Par Sa venue, le Christ témoigne de la communauté véritable, de la communauté nouvelle du ciel et de la terre, du Créateur et de la créature ; par Sa parole, Il nous révèle le grand Mystère que Dieu a introduit dans l’homme dès sa création, qui se ramène à la vérité selon laquelle la créature la plus importante sous le soleil est précisément l’homme lui-même. Bien entendu, l’homme est le plus important parce que Dieu S’est fait homme dans le Christ. Selon saint Irénée de Lyon, l’homme est appelé à être le reflet, la gloire et la lumière de Dieu sur terre. On ne peut comprendre cela que si on considère que le Dieu-homme et Seigneur Jésus-Christ est la référence juste et véritable de tous les êtres et de tous les événements survenus sur notre planète.
Chaque jour, nous sommes confrontés à des épreuves, à des échecs et à des souffrances, provoqués par d’autres ou par nous-mêmes. Les souffrances endurées dans notre foyer, à l’école, à la ville ou au village, les souffrances endurées au niveau des Etats ou entre les peuples, témoignent de la profondeur des divisions dans le monde, qui ne sauraient être surmontées par les seuls efforts des hommes. Ces divisions sont si profondes que notre propre personnalité faite à l’image de Dieu se trouve divisée entre l’âme et le corps, l’inconscient et le conscient, et ainsi de suite.
Il semble parfois que le désordre est l’initiateur et le socle de notre société. Cependant le désordre ne se trouve que là où a été perdue la conscience de la mesure véritable de tout et de tous, qui est l’amour. Avec Sa venue dans le monde, le Christ témoigne précisément que l’amour a vaincu l’univers du mal et de la haine et qu’il en triomphe toujours. L’amour vient de Dieu. Dieu est source de tout amour. « Celui qui n’aime pas n’a pas connu Dieu, car Dieu est Amour » (1 Jn 4,8).
Né dans une mangeoire à Bethléem, le Christ a arrêté le temps en Sa Personne et autour d’Elle : en Sa Personne, Il a rassemblé tous ceux qui étaient en quête d’amour et d’éternité. En venant dans ce monde, Lui Seul nous a apporté une joie véritable et éternelle.
La naissance du Christ a apporté la paix de Dieu au monde et relié le temps à l’éternité. La paix et l’éternité ne quitteront plus jamais ce monde, quelles que soient les épreuves et les infortunes qui pourraient survenir. Porteur de Sa paix et de l’éternité, le Christ a instauré Son Eglise. Celle-ci est le pilier et la forteresse de la vérité, c’est-à-dire une embarcation qui nous fait naviguer en toute sécurité vers le havre paisible de notre salut.
A travers l’Eglise, le Seigneur guérit toute maladie et toute incapacité humaines. En son sein s’établit l’harmonie entre le ciel et la terre, entre l’incréé et le créé, entre l’éternel et le temporel, entre l’esprit et le corps. La guérison que le Seigneur donne dans l’Eglise n’est pas compréhensible si on ne la ressent pas et si on ne la vit pas comme l’expression de l’amour de Dieu manifesté dans le Christ, Né, Crucifié, Ressuscité et Glorifié pour nous et pour notre salut. Le Seigneur aime tout homme et souhaite que tous les hommes soient sauvés et accèdent à la connaissance de la vérité. Il nous appelle à prendre part à l’action de notre salut en Le rencontrant dans l’Eglise, en étant rassemblés et unis dans l’Eglise et en tant qu’Eglise, en vivant en Elle et pour Elle. La référence de la vie spirituelle sur terre est l’Eglise, car elle est le Corps du Christ. A travers l’Eglise, le Seigneur nous guérit car Il souhaite que tous puissent participer à la vie éternelle et à l’amour éternel.
Nous appelons tous nos enfants spirituels à travers le monde à ne jamais oublier que le Seigneur a confié le salut à l’Eglise, où se trouve le seul chemin véritable que nous devons suivre. C’est par le Saint-Esprit que la vie spirituelle a été donnée à l’Eglise toute entière, et non pas confiée à des individus, afin que tout tende vers la perfection dans la concorde et la paix de Dieu.    
Le Dieu prééternel est arrivé en cette lointaine journée historique, dans la grotte de Bethléem afin de nous enrichir de  Sa perfection divine en tant que richesse éternelle. Ainsi, il nous enseigne, comme à toute notre descendance, de ne pas nous séparer les uns des autres mais de porter le fardeau les uns pour les autres, à nous aimer les uns les autres, à secourir les faibles et les pauvres, à partager fraternellement les biens dont Dieu nous a dotés et à nous conformer ainsi à la loi divine…
Toute division, dissension, acte d’hostilité et de destruction du bien commun sont contraires à l’Esprit de Dieu et à celui de l’Eglise. La Nativité est la fête où nous ressentons la plénitude de la bonté et de la miséricorde divines, qui se sont manifestées à l’égard du genre humain quand Dieu a envoyé au monde Son Fils Unique, notre Seigneur Jésus-Christ. En ce grand jour, nous sommes tous imprégnés de l’amour divin, qui est apparu miraculeusement dans la grotte de Bethléem.    
La célébration de la Nativité n’est pas seulement une coutume, une tradition, une habitude, un jour où on reçoit et où on offre des cadeaux. La Nativité est un don au-dessus de tous les autres, un jour où a été révélée la seule nouveauté apparue sous le soleil…
Malheureusement, chers frères et sœurs, nous devons reconnaître que notre paix spirituelle est passablement assombrie et que notre joie n’est pas complète ; elle est en effet assombrie par la peur et les craintes éprouvées devant les événements quotidiens à travers le monde, en particulier devant les événements tragiques observés sur notre territoire crucifié du Kosovo et de la Métochie. Ces événements troublent le son harmonieux des chants angéliques et menacent de transformer la paix et la patience en inquiétude et en intolérance.
A nos chers fidèles du Kosovo et de Métochie, nous recommandons d’être persévérants et de rester dans leurs foyers, aux côtés de leur Eglise et de leurs lieux saints, dans le pays de leurs grands-parents, arrière-grands parents et ancêtres. L’Eglise, en mère vigilante, est à leurs côtés et sera toujours à leurs côtés.
Chers frères et sœurs, nous vous appelons à préserver la sainteté du mariage, à veiller et à prendre soin de vos enfants, notamment en ce qui concerne leur instruction et leur formation religieuse et morale. Le catéchisme dans le système d’éducation suivi dans nos écoles, est une aide importante, mais elle n’est pas la seule et elle n’est pas suffisante. C’est pourquoi les parents et la chaleureuse ambiance du foyer familial constituent une communauté sainte et un lieu d’élévation spirituelle vers le Christ et la plénitude de l’amour du Dieu-enfant. En effet, la foi et la morale s’enseignent d’abord au sein du foyer familial, dans la famille. On les apprend de manière imperceptible, tout comme on apprend la langue maternelle. Dieu a confié aux parents un rôle éminent consistant à travers la naissance et l’éducation des enfants, à purifier le monde et à le rendre meilleur et plus beau. 
La Nativité du Christ a éclairé le monde avec la lumière du savoir et de la connaissance de Dieu. Son entrée dans le monde marque le début de l’ère nouvelle, la fin de l’ère athée et le début de l’époque de la connaissance du Christ, à travers l’Eglise qu’Il a établie comme pilier et forteresse de la vérité.
Cette journée célèbre  ce qu’il y a de plus beau et de plus élevé : elle rappelle à l’homme sa double origine, céleste et terrestre. Elle enseigne à l’homme ses devoirs, à l’égard de sa famille céleste comme de sa famille terrestre. Cette journée nous avertit qu’il est nécessaire de s’acquitter de notre dette envers le Père céleste et notre famille céleste avant de parvenir à la sérénité et au bonheur au sein de notre famille terrestre.
Ouvrez aussi vos cœurs, chers enfants spirituels, qui êtes partis loin à l’étranger, et célébrez cette fête dans la joie du Dieu-enfant, car la terre du Seigneur est partout et Dieu se trouve partout et en tout lieu. Dans l’Eglise du Christ, dans cette sainte communauté divino-humaine, nous célébrons, avec vous tous ensemble, les joyeuses fêtes de la Nativité et nous ne sommes pas loin les uns des autres.
Elevons nos cœurs, tous sans distinction, chers frères et sœurs ! Aujourd’hui est le jour qui nous a été donné  par  Dieu pour naître et renaître spirituellement à travers notre Seigneur Jésus-Christ. Que la lumière du Saint-Esprit, de l’Esprit du Christ Dieu-enfant, de l’Esprit de Dieu, illumine vos âmes et vos foyers.
Vivre une existence spirituelle signifie se sauver, être guéri, fuir le péché et rechercher l’amour. L’amour de ce monde imprégné de l’amour du Christ Dieu-enfant fait revivre et conduit à la vie éternelle. C’est pourquoi il faut aimer tout ce qui nous entoure et témoigner à l’égard de tous notre espérance, comme le dit le Saint Apôtre Pierre (1 P 1,3 et 3,15). Sans amour, tout dans ce monde est condamné à la tristesse, et sans l’Amour Incarné de Dieu, qui est le Christ nouveau-né, tout est condamné au néant. En nous inclinant devant ce petit enfant, Dieu prééternel, en ces journées comme lors de tous les autres jours de notre vie, pardonnons-nous les uns aux autres, chers frères et sœurs, et pleins d’amour fraternel, adressons-nous les uns aux autres cette sainte salutation :
La paix de Dieu – Christ est né – En vérité il est né ! Bénie soit la nouvelle année 2012 !
Au patriarcat serbe, à Belgrade – Noël 2011

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