Festival de la Jeunesse Orthodoxe

mjoa Thursday November 6, 2008 179

Le Festival de la Jeunesse Orthodoxe est né dans les années 2002 / 2003 en France, dans le contexte particulier d’un pays d’Europe occidentale, qui n’est pas de tradition orthodoxe. En raison des différentes vagues d’émigration qui se sont succédé, les Orthodoxes en France se sont souvent regroupés par communautés nationales : ainsi, la plupart des paroisses sont organisées selon leur origine ethnique et tendent à se refermer sur leur propre tradition (les Grecs restent avec les Grecs, les Antiochiens avec les Antiochiens, les Russes avec les Russes etc.). Cela dit, beaucoup d’efforts ont été réalisés depuis la deuxième guerre mondiale pour fédérer les Orthodoxes de France non plus en fonction de leur appartenance nationale mais autour de l’Essentiel, le Christ (ce qui a permis par exemple le développement de paroisses francophones).

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Le Festival de la Jeunesse Orthodoxe est une manifestation récente de ces efforts : il œuvre pour rassembler des jeunes issus de différentes régions de France et de diverses origines (russe, grecque, roumaine, libanaise, syrienne, serbe, bulgare, géorgienne ou tout simplement française…). Il s’inspire notamment dans son esprit de Syndesmos, fédération mondiale des mouvements de jeunesse orthodoxe (à laquelle le MJO – qui a largement contribué à son existence – est rattaché). Dans cette perspective, le Festival invite des jeunes de paroisses différentes à découvrir de nouvelles communautés en participant à la liturgie puis à un repas convivial dans l’une des paroisses orthodoxes (la dernière rencontre de ce type s’est effectuée dans la paroisse serbe de Paris). Par ailleurs, plus régulièrement, une fois par mois, des jeunes de Paris se retrouvent pour célébrer ensemble l’office des Vêpres, essentiellement en français, mais aussi selon la langue et la tradition de chacun (l’office est suivi d’un dîner en commun et se prolonge souvent d’un « after » dans un bar à proximité dont la serveuse, à la fois étonnée et moqueuse, s’est habituée aux soutanes et aux barbes, tout en faisant remarquer qu’à son époque, on n’allait guère boire une bière après la prière…)

fjofrance2_sPar ailleurs, l’objectif du Festival est de répondre aux interrogations des jeunes (que ces derniers aillent régulièrement ou non à l’église) en réfléchissant sur la manière de vivre de façon unifiée sa foi chrétienne, sans qu’il y ait d’un côté les activités de l’église, et de l’autre, la vie à l’université, au travail ou en soirée. L’orientation du Festival tend donc à montrer que le Christ nous appelle à incarner Sa Joie et l’esprit de Fête dans notre vie quotidienne (ce qui a donné le nom de Festival…) – d’où des efforts permanents pour veiller à ce que les jeunes Chrétiens et l’Église en général restent au cœur de la société et s’y engagent.

 

Une initiative du Festival qui reflète justement ce désir est la rencontre annuelle de jeunes Orthodoxes venus de toute la France (et même, cette année, de Belgique et de Grande Bretagne) durant un week-end complet. Durant deux jours et demi, les festivaliers alternent des discussions « formelles » autour d’un thème donné (conférence ou atelier) ou des temps de prière (matines, vêpres, liturgie….) avec des activités de détente (grande balade de 6 heures dans un parc national de la région parisienne ou soirées barbecue avec chants et danses…).

 

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Cette année, le thème s’intitulait : « Dieu aujourd’hui : une foi à la carte ? ». En Europe occidentale, il devient courant et naturel de choisir au sein des religions ce qui nous plaît tout en rejetant ce qui nous gêne, ce qui ne nous “parle” pas ou ce dont nous doutons. Les questions auxquelles les participants ont tâché de répondre étaient alors les suivantes : comment pouvons-nous personnaliser notre vision de Dieu et faire nôtre la foi de l’Église sans tomber dans l’individualisme et le relativisme ? Que répondre à ceux qui se disent croyants sans être pratiquants ? Entre indifférence, tolérance et rigorisme vis-à-vis du « marché du religieux » comment trouver la bonne attitude ?
Pour répondre à ces questions, quatre ateliers, animés par différents intervenants, étaient proposés :
– le dialogue avec les autres religions : danger ou richesse ?
– l’unité entre les chrétiens peut-elle être « à la carte » ?
– peut-on avoir une lecture de l’Evangile « à la carte » ? (où chacun se forge sa propre interprétation, rejette les passages qui le gênent…)
– Comment définir l’essentiel de la foi orthodoxe en une minute ?
Enfin, une intervention plus générale du père Alexis Struve a conclu le week-end. Le père Alexis a rappelé que la foi est avant tout une rencontre personnelle avec le Christ, en regard de laquelle toute question de pratique ou de règle devient de moindre importance. Il a cependant souligné l’importance du rôle joué par le cadre de l’Église dans cette démarche de foi, Église dont seul l’Esprit Saint connaît les frontières. Il a enfin insisté sur le fait qu’à tous, à un moment de notre vie, nous est donnée la possibilité de rencontrer Dieu. À nous de nous rendre disponibles à une telle rencontre !

 

fjofrance5_sIl faut noter que, depuis un certain temps, la communauté antiochienne est fortement représentée lors de ces rencontres. Sur plus de 80 participants, au moins 15 participants étaient originaires du Liban ou de la Syrie – dont un bon nombre étaient issus du MJO tels Rami Hosni, Nicole El Murr, Racha Berbari, Aline Kazmouz… Par ailleurs, cette année, le Festival a pu accueillir le tout récent métropolite du diocèse d’Antioche pour l’Europe occidentale, Mgr Jean Yazgi, venu se joindre aux festivaliers pour l’office des Vêpres de la Résurrection (célébrées le samedi soir). Moins d’une semaine après son intronisation, Mgr Jean a tenu à rendre visite aux participants de l’événement, témoignant ainsi de son désir de rencontrer les jeunes et de travailler avec eux. À l’issue des Vêpres, il a félicité les participants d’avoir quitté durant deux jours l’agitation de la vie quotidienne, pour rechercher la « perle de grand prix » qu’est le Christ. Il a invité, à partir d’une médiation sur le psaume 103 de la création (lu au début des vêpres), à rechercher Dieu partout, dans toute la nature et avant toute chose en nous-mêmes, selon la parole de l’Évangile : « Le Royaume de Dieu est au dedans de vous. »

 

Au-delà de la forte représentation antiochienne au sein du Festival de la Jeunesse Orthodoxe, les liens entre ce que beaucoup aiment désormais appeler le FJO et le MJO ressortent de manière évidente : un même objectif d’inscrire la vie de l’Église dans le monde contemporain, un même désir de sensibiliser les Chrétiens à l’importance du service social, un besoin similaire de retourner sans cesse à la simplicité première de l’Évangile… bref, un esprit commun, qui nous insuffle de manière de plus en plus pressante le désir d’une rencontre officielle entre les deux mouvements. L’espoir de pouvoir organiser un voyage du Festival au Liban anime désormais l’esprit d’un grand nombre. Puisse le Seigneur favoriser une telle rencontre dans Sa Paix !

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